
L’illusion photographique
Quand je quitte la maison, je vérifie mes poches pour deux choses : des friandises pour le chien, et mon iPhone. Je pratique la photographie taoïste avec un bon hybride ou un boîtier reflex. Je shoote en RAW+JPEG, Mon téléphone est un tracker de métadonnées. Grâce à Mac Journal, je garde trace de mes clichés: météo, localisation, notes, impressions. Une boîte noire bien utile dans ce rôle.
Mais qu’on ne me raconte pas que la photographie peut naître d’un smartphone. Ce n’est pas une question de pixels, d’ISO ou de capteur. Il s'agit de maîtrise et de création.
La photographie, la vraie, vient d’un engagement entre l’œil, la lumière, et la volonté. Un smartphone capture, optimise, et transforme à ta place. Il applique un filtre que tu n’as pas demandé. Il retouche selon une norme dictée par des algorithmes calibrés pour plaire aux illettrés, pas pour créer. Le smartphone n’est pas un gadget neutre: c’est un manipulateur. Il te dit ce que tu dois voir. Il vole ton pouvoir d’auteur. Et pire encore : il t’ignore. Tu crois qu’il t’aide ? En réalité, il te domine.
Tu n’es pas photographe. Tu es le figurant d’une scène que ton téléphone écrit.
Tu crois maîtriser le processus alors que tu n’es qu’un exécutant soumis à un serveur informatique outre Atlantique. Ton téléphone te viole intellectuellement. Il prend ton image et la recompose sans toi. Il fait de toi un produit pour les futures publicités et les ruminations de l'AI.
Prendre des photos avec un téléphone ? Très très mauvaise idée !